- écœurer
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• 1640, rare av. 1864; de é- et cœur1 ♦ Dégoûter au point de donner envie de vomir. « Cette liqueur épaisse l'écœura » (Green). Absolt Sauce grasse qui écœure (cf. Soulever le cœur).2 ♦ Fig. Dégoûter au plus haut point en inspirant l'indignation ou le mépris. « J'étais las, las, écœuré par toutes les bêtises, toutes les bassesses, toutes les saletés que j'avais vues » (Maupassant).3 ♦ Décourager, démoraliser profondément. Son cynisme m'écœure.⊗ CONTR. Allécher. Enthousiasmer.Synonymes :- dégoûterInspirer de l'aversion, du méprisSynonymes :- abattre- anéantir- désespérer- répugner- révolterFamilier. Décourager, démoraliserSynonymes :- dégoûter⇒ÉCŒURER, verbe trans.A.— [P. réf. à cœur I A 2 a, b]1. [En parlant de boissons ou aliments fades ou trop sucrés, d'une odeur désagréable, de l'aspect révulsif de qqc., etc.] Lever le cœur; provoquer une nausée, un dégoût. Synon. répugner. Malgré les répugnances qui lui soulevaient le cœur, (...) il alla (...) examiner le visage de tous les noyés (...) une odeur fade, une odeur de chair lavée l'écœurait (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 82).— Emploi abs. Quand on a connu l'ivresse de l'opium, celle du vin écœure et paraît mesquine (BOURGET, Essai psychol., 1883, p. 13).2. Au fig. [En parlant d'un défaut du caractère ou du comportement, d'un sentiment excessif, etc.] Provoquer du dégoût, de l'aversion, du mépris. Synon. révolter; anton. enthousiasmer. L'affection attendrie de Mme Raquin l'écœura (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 11). Il visita des gens et leurs conversations poisseuses l'écœurèrent (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 172). Combien m'écœurait son roman si froidement polisson (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 73) :• ... je risquais d'être une proie pour la sainteté. Mon grand-père m'en a dégoûté pour toujours : je la vis par ses yeux, cette folie cruelle m'écœura par la fadeur de ses extases, me terrifia par son mépris sadique du corps; ...SARTRE, Les Mots, 1964, p. 81.B.— [P. réf. à cœur II C 1] Priver de toute énergie; ôter tout courage. Synon. abattre, décourager, lasser; anton. encourager, stimuler. La vue du papier timbré l'écœura. Il était las de ces choses (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 55). La monotonie des soirs pareils (...) des mêmes plaisanteries sur les mêmes sujets, des mêmes médisances sur les mêmes femmes, l'écœurait au point de lui donner, par moments, de véritables désirs de suicide (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Duchoux, 1887, p. 699).— Emploi pronom. subjectif. Éprouver du dégoût, une lassitude générale. Il pleure sans raison, Dans ce cœur qui s'écœure (VERLAINE, Romances sans paroles, 1874, p. 14).— Spéc., SP. Ils [la grossièreté et le cœur solide] permettent de tenir sur le grand parcours, d'« écœurer » (comme on dit en sport) les concurrents (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 322).Prononc. et Orth. :[
], (j')écœure [
]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1611 esqueuré adj. « accablé, découragé » (COTGR.); 1640 [mot vulg.] « faire mal au cœur, dégoûter » (OUDIN Curiositez); rare av. 1864 (LITTRÉ); 1870 écœurant (Lar. 19e). Dér. de cœur; préf. é-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :135. Bbg. BRUNEAU (C.). Romania. 1927, t. 53, p. 244.
écœurer [ekœʀe] v. tr.ÉTYM. 1640, vulgaire; esqueuré, adj., 1611, « accablé, découragé »; rare av. 1864; de é-, cœur, et suff. verbal.❖1 Dégoûter au point de donner envie de vomir. ⇒ Dégoûter. || Cette odeur de cuisine m'écœure (→ Lever, soulever le cœur, donner mal au cœur). — Absolt. || Les crèmes trop sucrées écœurent. — Pron. || Vous allez vous écœurer.1 D'autres restent assis, très silencieux et songeurs, écœurés maintenant d'avoir dû charger à la baïonnette, de se voir du sang sur leurs habits de toile, et attendant le jour avec impatience pour aller laver cela « à l'eau douce ».Loti, Figures et choses…, p. 225.2 Elle réfléchit une seconde, saisit la bouteille de sirop placée devant elle et but au goulot. Cette liqueur épaisse l'écœura. Elle en avala une gorgée, puis regarda l'étiquette d'un air de dégoût.J. Green, Adrienne Mesurat, II, V, p. 198.2 Fig. Dégoûter au plus haut point en inspirant l'indignation ou le mépris. ⇒ Indigner, révolter. || De tels procédés m'écœurent. || J'en suis écœuré.2.1 Ce qu'ils avaient vu de l'invasion, de ces incendies, de ces pillages, de ces meurtres, les avait profondément écœurés, et ils avaient hâte d'être dans les rangs de l'armée sibérienne.J. Verne, Michel Strogoff, p. 327 (1876).♦ Au p. p. :3 J'étais las, las, écœuré plus que je ne saurais dire par toutes les bêtises, toutes les bassesses, toutes les saletés que j'avais vues et auxquelles j'avais participé pendant quinze ans.Maupassant, Clair de lune, « Le père ».4 (…) le pays, écœuré des abus du pouvoir comme de l'incapacité des gouvernants civils (…)Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, L'ascension de Bonaparte, XIII, p. 184.3 Fig. Décourager, démoraliser profondément. ⇒ Abattre, décourager. || Ses échecs l'ont écœuré. || Ses succès faciles écœurent les autres élèves.♦ (1924, Montherlant). Spécialt (sports). Décourager (l'adversaire) en imposant un effort trop grand. || Écœurer ses concurrents.——————écœuré, ée p. p. et adj.1 Qui est dégoûté au point d'avoir envie de vomir.5 Je veille à présent, du fond de ma demi-ivresse, je ne veux pas le sommeil, la syncope dont on sort écœurée, je ne veux du petit génie de l'éther (…) que le battement d'ailes en éventail.Colette et Willy, Claudine s'en va, 1900, p. 223, in T. L. F.2 Fig. Qui est dégoûté et éprouve ou manifeste de l'indignation ou du mépris (→ ci-dessus, cit. 3, 4). || Un regard écœuré.3 Qui est découragé, profondément démoralisé. || Il est écœuré de ses mauvais résultats.♦ N. (aux sens 1, 2, 3). || Un écœuré, une écœurée.❖CONTR. Appétit (mettre en). — Enthousiasmer, plaire.DÉR. Écœurant, écœurement.
Encyclopédie Universelle. 2012.